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The Power of Sex (Le Monde)

Voici un article sur le blog du journal "Le Monde", datant de Février 2011, et qui traite du Pouvoir du Sexe dans Queer As Folk.

Judicieusement, Sab l'a repéré et nous le fait partager. Je l'avais lu mais pas mis sur le quartier. Voici l'erreur réparée. Lisez bien, c'est très intéressant. 

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22 février 2011, par Pierre Sérisier

Semaine des lecteurs – Queer As Folk, The Power Of Sex

par Yaële Simkovitch

The thing you need to know is… it’s all about sex”*

Les premières paroles de Queer As Folk (US), prononcée par Michael Novotny, notre narrateur.  Nous sommes au coeur de Babylon la boîte de nuit emblématique de Liberty Avenue, le vrai-faux quartier gay de Pittsburgh. Le décor est posé, le sujet aussi.

Un regret ? Un avertissement ? Une promesse ?

Un peu de chaque…

Et il n’y a pas mensonge sur la marchandise.

A sa sortie en 2000 le remake de Queer As Folk pour Showtime révolutionne la télévision américaine en traitant enfin de personnages principaux homosexuels. Mais en faisant le pari de rester fidèle à l’original et de parler franchement de leurs vies sexuelles, jusqu’à en faire le coeur de l’action, elle invente aussi un nouveau genre, la série hyper-sexualisée. The L Word et True Blood aujourd’hui, en sont les héritiers directs.

Il ne s’agit pas seulement d’en parler comme dans Sex & The City ou même de montrer des corps nus, mais de mettre en scène ces corps avec une intention esthétique claire. Dès qu’un vêtement tombe à terre, la sophistication de la réalisation monte d’un cran, la caméra devient sensuelle et se place en acteur/spectateur de la scène. Le sexe dans Queer As Folk est véritablement mis en valeur comme une expérience transcendante pour les personnages et  pour le téléspectateur.

Ces corps nus sont omniprésents, même hors des scènes de copulation intense, que ce soit au Babylon, aux « Bains » ou dans leur intimité, les torses nus, les fesses rebondies de garçons en tous genres et autres parties anatomiques à l’air libre, pullulent.

Le texte aussi est hanté par le sujet, les conversations, l’humour, jusque dans la caractérisation des personnages. Brian, le sex-symbol, est bien entendu le leader naturel du groupe. Justin, le jeune ingénu, est introduit dans ce monde par la perte de sa virginité. Michael, le gentil meilleur ami, se comporte dans la vie comme au lit, en passif confirmé. Ted a une estime de soi au ras des pâquerettes, sa vie sexuelle est donc la plus pauvre. Emmett assume pleinement son identité, et en conséquence devient une star de la masturbation sur internet. Le couple de lesbiennes est le plus stable. Elles ont donc une sexualité basée sur la fidélité qui est beaucoup plus rarement explicitement montrée.

Ce parti pris narratif soulève tout de suite une question légèrement dérangeante. Etait-ce le seul moyen de faire exister une série sur la communauté homosexuelle ? Est-ce que seule la promesse (dont nous parlions plus haut) de créer un programme sulfureux a convaincu la chaîne de tenter sa chance ? Nous n’avons pas les moyens d’y répondre, mais sa suite logique est tout aussi problématique.

Se centrer sur la vie sexuelle de ces hommes, n’est-ce pas tomber directement dans le plus gros cliché de la communauté gay ? N’est-ce pas contrecarrer le désir de normalisation de la population LGBT, une normalisation qui pourrait garantir une égalité des droits et des chances. Les auteurs répondent catégoriquement à cette question dans la deuxième saison, en introduisant une série télé appelée Gays of Blaze** dont les personnages principaux sont des « homos respectables », en couple, fidèles, fan d’opéra, etc… Le cliché inverse presque ridicule d’une population homosexuelle asexuée, aseptisée.

Brian juge sans appel ce programme comme étant malhonnête, pathétique et uniquement fait pour rassurer les hétéros. Selon lui, aucun portrait réaliste de la communauté gay ne peut ignorer le sexe. Brian s’impose alors comme vecteur du message des auteurs et définit l’activisme de choix de la série. Assumer, même revendiquer la sexualité homosexuelle, ou montrer au grand jour ce qui dérange le plus le reste du monde, le coeur de leur différence: avec qui ils préfèrent coucher !

Une attitude que Brian affiche sans retenue, ne dérogeant jamais à son mot d’ordre No excuses, No apologies, No Regrets***.

Le sexe, une expérience humaine

Telle une Gay Pride au long cours, Queer As Folk clame haut et fort le droit d’exister, jusque dans l’excès. Avec le sexe, mais aussi avec le principe de plaisir, thématisé à travers la fête, les drogues et autres activités politiquement incorrectes, la série décrit une pulsion de vie infatigable, invincible même.

Ce message était déjà développé par Russel T. Davies dans la version originale. Mais la différence notable de format, une saison de 8×30′ suivi d’une seconde de 2×50′ côté UK, 83 épisodes de près de 50′ sur 5 saisons côté US, nécessitait à la copie de transcender le message de l’original anglais si elle espérait tenir la longueur.

Elle y parvient en donnant à cette pulsion le sens d’une résistance nécessaire face à une intolérance, quasiment aussi omniprésente dans la série. C’est ici que les auteurs américains prennent un virage décisif s’attaquant à un sujet épineux mais existentiel de la condition homosexuelle. Cette intolérance qui se transforme plus d’une fois en réelle oppression est comme une force sourde toujours aux portes du monde de Liberty Avenue, se manifestant dans chaque épisode. Une rumeur qui ne cesse jamais vraiment de gronder et qui ne saurait être couverte que par le bruit du Thumpa Thumpa (le boom boom de la musique du Babylon)

Il n’est plus juste question de montrer la communauté avec sincérité, mais de dénoncer la façon dont la société la traite. La description du monde homo serait devenu trop vite naïve sans celle de l’ennemi, l’hétéro intolérant, souvent cruel, parfois dangereux, pouvant à tout moment porter atteinte à leur style de vie, leurs droits, jusqu’à leur vie.

Le sexe devient acte politique. Et Brian, tombeur de ces messieurs, ne véhicule plus seulement l’idée d’une liberté inaliénable mais d’une puissance d’action potentielle. Les auteurs usent une fois de plus d’une mise en abîme pour expliciter leurs propos. Justin et Michael créent un super-héros de comic-book inspiré de Brian. Rage, défenseur des homos, dont le pouvoir est la puissance sexuelle.

La métaphore sexuelle n’a pourtant pas que des attributs positifs. Brian est d’abord un être vain et égoïste qu’il est difficile d’aimer. Au début de la série, il n’use de son pouvoir que pour assouvir ses désirs. Il ne s’inquiète que marginalement du bien-être de son entourage, dont les membres incarnent les uns après les autres les enjeux politiques et sociaux qui préoccupent la communauté homosexuelle. Agressions homophobes, discrimination professionnelle, difficultés juridiques pour le mariage, l’adoption, la garde d’enfant, indifférence de la police et de la justice vis-à-vis des outrages qu’ils subissent, SIDA, et une myriades de petites humiliations et insultes quotidiennes. Brian se sent peu concerné et méprise l’engagement associatif, et bien-pensant de certains de ses camarades.

Ainsi l’acte politique a ses limites, le sexe permet d’affirmer son indépendance mais comment passer le cap de l’affirmation pour en arriver à la défense nécessaire de soi-même et des siens ? La proposition de la série à travers l’évolution de Brian vers une canalisation de son pouvoir « pour le bien » et une prise de conscience et de responsabilité vis-à-vis des malheurs de sa communauté, est toute simple. Le moteur du changement semble être l’évolution parallèle de son attachement à Justin, comme si le pendant naturel et nécessaire du sexe était tout bêtement l’amour.

C’est peut-être finalement vers ça que tend la série depuis son pilote. La rencontre est mise en scène comme un événement prophétique, accompagné des paroles de Michael « And that’s when it happened. When he came along »****. Ce moment nourrit par le pur désir sexuel portait déjà la promesse d’un propos bien plus ambitieux. Ainsi les auteurs détournent finalement le cliché qu’ils semblaient renforcés d’entrée de jeu. Prouvant que le sexe n’est jamais réellement une fin en soi, même s’il est central à l’expérience humaine.

——

*Ce qu’il faut que vous sachiez… c’est que tout est question de sexe.

**difficilement traduisible Les homos flamboyants?

***Pas de prétextes, pas d’excuses, pas de regrets

****C’est à ce moment là que c’est arrivé. Qu’il est entré dans nos vies

 

Ecrit par cinto 
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choup37, 19.04.2024 à 19:45

Maintenant j'en ai plus que deux, je joue aussi sur kaa

CastleBeck, Hier à 11:48

Il y a quelques thèmes et bannières toujours en attente de clics dans les préférences . Merci pour les quartiers concernés.

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