ECRIT 5

Imaginez-vous Alice au pied de son arbre et qui s'endort.

Elle est vous, elle est chacun de nous.

Et imaginez que son pays des merveilles ne ressemble à aucun autre. L'arc multicolore dans le ciel surplombe une rue animée, emplie de silhouettes aussi diverses que colorées.

En regardant de plus près, le nom de la rue s'aligne devant nos yeux. Nous sommes dans Liberty Avenue, la rue la plus Gay de Pittsburg, une ville moyenne du nord-est des USA.

On descend encore un peu plus près et les visages apparaissent, les mots se précisent. On y parle de sexe, de plaisir, de drogue et de coup d'un soir. Mais on ne parle pas que de ça. On peut saisir les mots de responsabilité, famille, droit, amour, respect, de mort aussi.

Allez, on pose les pieds sur l'asphalte et je vous les présente.

Mais pour ça, je vous invite à prendre un café au Diner, où il vous faut rencontrer la serveuse la plus extraordinaire qui soit, j'ai nommé Debby Novotny. Sa perruque bouclée aussi voyante que les badges qui constellent sa tenue, et sa verve sans à priori, si ils peuvent vous choquer au départ vous raviront. Elle est en grande discussion avec son fils, Mickael, et clôt celle-ci par sa claque rituelle à l'arrière de sa tête. Il a beau savoir que c'est affectueux, à 30 ans, il y a des jours où ça l'exaspère.

De guerre lasse, il rejoint ses amis à une table. Comme à son habitude, Emmet Honeycutt, moulé dans son nouveau T-Shirt rose et bleu, console Ted. Ted Schmidt, comptable de son état, plus réservé et timide que ses comparses, remarque qu'il est encore rentré seul hier soir. Ce qui ne manque pas de faire rire le dernier du groupe, le meilleur ami de Mickael, Brian Kinney, publiciste et le plus grand prédateur sexuel de Liberty Avenue.

Ce soir, ils vont tous les quatre sortir au Babylon, un des boites gay les plus branchées de Pittsburg. Et ce soir, un rayon de soleil va se poster sous l'éclat d'un réverbère. Voici comment Justin Taylor, adolescent blond au sourire ravageur, va faire irruption dans leur vie.

Il arrivera le même jour que Gus. Un enfant né de l'amour, mais pas de celui qu'on croit. Celui de Lindsay, une femme qui aime les femmes, enfin surtout la sienne, Melanie, et de Brian, un homme qui aime les hommes, tous les hommes!

Voilà, vous les connaissez maintenant.

Au fil des saisons vont se greffer d'autres personnages, pour plus ou moins longtemps. Vous adorerez certains, vous en haïrez d'autres. Je vous parle d'expérience. Laissez-vous tenter. Laissez-vous prendre au jeu.

Mais hors de question de se voiler la face. La série parle de sexe, beaucoup et elle le montre sans tabou. Alors éloignez les enfants et sortez les carrés blancs avant de vous allonger dans le sofa de la débauche. Calez-vous confortablement un coussin derrière la nuque, et entrez dans le monde merveilleux de QUEER AS FOLK.

 

Sous les sunlights du Babylon, sous le soleil de Liberty Avenue, sous les néons bleus d'un loft devenu un personnage à part entière, vous allez suivre leurs histoires d'amour, leurs combats, contre eux-mêmes et contre une société pas toujours équitable et juste envers la communauté homosexuelle. Et loin des archétypes formatés de la télévision bien-pensante, vous allez les aimer et les haïr. Car ils sont nous tous et eux-mêmes, loin de la perfection et bien plus proche de la normalité tant érigée en principe de vie par la majorité hétérosexuelle.

Ils sont vos parents, vos amis, vos enfants. Ils sont peut-être vous.

Alors marchez à leur côté dans Liberty Avenue et venez danser au Babylon. Qui sait, peut-être finirez-vous aussi dans la Backroom ?