Texte 2

Texte 2:

 

- Justiiiiiin !

Une voix parvenait de la salle de bains, de la douche plus précisément, qui répondait :

-Ouais…

- Tu te dépêches ??? on va être en retard !

Une serviette rouge autour de la taille, Justin sortait de la douche et entrait dans la chambre du loft, jetant un regard sur Brian, toujours magnifique dans son jean et sa chemise noire ; leurs regards s’attirèrent. Justin s’avança :

- Et la faute à qui ???

- A toi.

- Ta mauvaise foi m’a toujours épaté !

- Enfin, si tu ne t’étais pas promené les fesses à l’air au réveil devant moi, si tu avais pris le petit-déjeuner hier soir et si tu avais choisi autre chose qu’un sac à patates pour t’habiller , je n’aurai pas été obligé de te re-déshabiller et de te baiser dans la douche et j’aurai peut-être même fait l’économie de protéines à distribuer…Donc, ta faute !

- Je t’aime…répond Justin

Et voilà ! Justin savait que Brian n’avait pas tout à fait tort : ils avaient gardé le loft pour des soirées « hot » de ce type, quand ils n’avaient pas la petite Lucy ou Gus avec eux, même après leur mariage : une soirée au Babylon avec passage obligatoire par la backroom, histoire de donner au public une leçon en plusieurs actes, et suite de la nuit au loft, petit déjeuner compris..

- Miiiiichaël !!

Michaël dévalait l’escalier pour voir sa mère dans la cuisine

- Oui, ma ; pas la peine de hurler ! qu’est-ce que tu veux ?

- Aide-moi à tirer ces foutues rallonges, sous la table.

- Mais on sera combien ? tu as vraiment besoin de ces rallonges ?

- Eh bien, une dizaine plus ou moins ! attends, je compte : Carl et moi, toi et Ben, JR et pas de Hunter, toujours à la fac ; puis Ted et Blake, enfin Emmett et Beau ; là où ça se complique, c’est pour les filles :Melanie et Linds ou Melanie sans Linds ou Linds sans Mél , je n’arrive plus à suivre ; et…

- Et, stop ! c’est tout…ne me dis pas que tu les as invités…

- Brian et Justin viendront ! et arrête avec cette vieille rengaine ! ils ne t’ont pas prévenu quand ils se sont mariés ???la belle histoire !! de toute façon, ils n’ont prévenu personne…

- Je ne suis pas personne. Brian est mon meilleur ami.

-Et il n’a pas prévenu son meilleur ami parce qu’il n’en avait rien à foutre. Point. Et je trouve qu’ils ont très bien fait. En tous cas, ils n’emmènent pas Lucy, elle est chez sa mère !! Ouf ! avec elle, j’aurai dû protéger ma télé …

Autour de la table, les rires et les discussions allaient bon train. Melanie et Lindsay étaient là, ensemble , jusqu’à la prochaine crise, se disait Debbie, peut-être leur façon de fonctionner ; Emmett pavoisait dans un splendide tee-shirt mandarine, aussi discret que possible avec Beau à ses côtés; bizarre quelquefois le destin ; ils s’étaient revus chez le dentiste et l’affaire avait été vite conclue ;

Ted et Blake étaient peut-être les plus étonnants ; leur couple tenait la distance ; Blake avait apaisé Ted. Ils étaient en voie d’adopter un enfant. Blake était un thérapeute reconnu ; Ted avait monté un cabinet d’experts comptables, même sous la menace de Brian de l’émasculer s’il quittait Kinnetik.

Debbie était satisfaite de son petit monde ; l’autre fois, elle s’était juste trompée de moment mais maintenant, elle profitait d’une retraite bien méritée pour voyager …au moins jusqu’au Liberty Dîner ; Ah ! non ! une fois, Carl l’avait emmenée à Paris, le voyage d’une vie, celui qu’elle avait toujours voulu faire.

Et Brian et Justin…Mariés. Unis. Heureux. Jamais elle ne les avait vus sourire autant, rire ensemble, simplement heureux. Et ce n’était pas peu dire qu’ils lui en avaient donné, du souci, ces deux-là.

Le départ de Justin à NY, Brian qui s’accroche, qui va là-bas, Justin qui vient, et un jour, Brian :

- Je n’en peux plus, Debbie ; je le perds chaque fois un peu plus ; toutes ces choses qu’on n’a pas partagées et qui ne reviendront pas : un resto ensemble, une nouvelle qu’on a oublié de se dire, ne pas l’avoir là, le manque si fort que ça fait mal au ventre ; je n’en peux plus, j’arrête, je veux garder son amour et le mien comme il est maintenant, pas morcelé, pas coupé, pas entamé chaque fois…

Et Brian avait sombré pendant des mois; d’abord effondré, incapable de dire un mot, triste, désespéré puis dans l’excès de sexe, de boisson de drogue mais rien n’y a fait, et après il avait sombré dans l’indifférence ; c’est ce qui avait fait le plus de mal à Debbie.

Jusqu’à ce qu’un jour, devant la porte du loft :

-Tu n’as pas de couilles, Brian Kinney !

L’homme blond criait. Ses yeux bleus trahissaient la peur, l’amour, le désespoir, l’amour, la colère, l’amour.

L’homme brun était pétrifié. Il aurait pu lui fermer la porte au nez comme il l’avait déjà fait, il aurait pu le faire repartir d’un mot blessant comme il l’avait déjà fait, il aurait pu lui dire d’aller se faire foutre.

Mais il avait ri ! ri comme jamais il n’avait ri…Il avait été ridicule. Il lui avait fallu qu’un gars blond vienne de NY lui dire qu’il était un trouillard, un remarquable peureux, un champion du monde dans sa catégorie de petite mauviette, incapable d’assumer les décisions qu’il prend pour l’autre.

Brian avait bondi, saisi et, avec force, attiré Justin dans ses bras ; il l’avait embrassé passionnément ; et encore, et encore, tant que leurs lèves n’étaient pas meurtries, tant que leur souffle existait encore.

-Tu vas voir si je n’ai pas de couilles !!

Ils s’étaient mariés le lendemain.